Comme vous le savez j'aime énormément lire, alors je vous présente l'instant poème qui sera publié une fois par mois. Il y aura les poèmes que j'aime mais aussi les vôtres, alors, envoyez moi vos poèmes et je les publierai pour vous.
Melancholia
Où vont tous ces enfants dont pas un seul
ne rit ?
Ces
doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?
Ces
filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ?
Ils
s'en vont travailler quinze heures sous des meules ;
Ils
vont, de l'aube au soir, faire éternellement
Dans
la même prison le même mouvement.
Accroupis
sous les dents d'une machine sombre,
Monstre
hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre,
Innocents
dans un bagne, anges dans un enfer,
Ils
travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer.
Jamais
on ne s'arrête et jamais on ne joue.
Aussi
quelle pâleur ! la cendre est sur leur joue.
Il
fait à peine jour, ils sont déjà bien las.
Ils
ne comprennent rien à leur destin, hélas !
Ils
semblent dire à Dieu : « Petits comme nous sommes,
Notre
père, voyez ce que nous font les hommes ! »
O
servitude infâme imposée à l'enfant !
Rachitisme !
travail dont le souffle étouffant
Défait
ce qu'a fait Dieu ; qui tue, œuvre insensée,
La
beauté sur les fronts, dans les cœurs la pensée,
Et
qui ferait - c'est là son fruit le plus certain ! -
D'Apollon
un bossu, de Voltaire un crétin !
Travail
mauvais qui prend l'âge tendre en sa serre,
Qui
produit la richesse en créant la misère,
Qui
se sert d'un enfant ainsi que d'un outil !
Progrès
dont on demande : « Où va-t-il ? que veut-il ? »
Qui
brise la jeunesse en fleur ! qui donne, en somme,
Une
âme à la machine et la retire à l'homme !
Que
ce travail, haï des mères, soit maudit !
Maudit
comme le vice où l'on s'abâtardit,
Maudit
comme l'opprobre et comme le blasphème !
O
Dieu ! qu'il soit maudit au nom du travail même,
Au
nom du vrai travail, sain, fécond, généreux,
Qui
fait le peuple libre et qui rend l'homme heureux !
Victor Hugo, 1856
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Mignonne, allons voir si la rose
A Cassandre
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.
Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.
Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.
Pierre de Ronsard, 1545
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Paris 1983
Je marche
de jour comme de nuit
dans Paris
depuis si longtemps déjà
que je me demande
qui habite l'autre
toujours ému de savoir
qu'un poète nommé Villon
l'a fait avant moi
qu'un libérateur comme Bolivar
y a séjourné en dandy
que mon jeune voisin Jean de la rue Masson
a fêté son vingtième anniversaire jusqu'à l'aube
dans un bistro situé en face
d'une petite place faiblement éclairée.
J'aime savoir qu'il existe une ville
où les femmes aiment marcher de nuit
sans s'inquiéter des ombres et aussi parce qu'on y
trouve une station de métro avant la fatigue.
J'aime flâner dans une ville où les quartiers contrastés
fleurissent au bout de nos rêves.
J'aime m'arrêter à la terrasse des cafés pour
observer le ballet des serveurs.
J'aime écouter dans le métro les conversations
des jeunes filles qui racontent la soirée d'avant.
J'aime voir les jambes nues tout le long de l'été.
Cet art de vivre qu'aucune autre ville ne connaît
mieux que Paris.
Et que personne n'a mieux chanté que Villon et Aragon
ou cette jeune fille croisée boulevard Richard-Lenoir
qui s'est exclamée : « Je me suis cassé le talon mais je m'en
fous si c'est à Paris. »
Me voilà dans cette baignoire à lire, cette fois,
Paris est une fête d'Hemingway
tout en me disant qu'elle le sera toujours quoi qu'il arrive.
Dany Lafarrière, 2015
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A dans un mois dans l'instant poésie, qui, j’espère, accueillera un de vos poèmes.
Puisse le pouvoir des livres et de l'imagination vous protéger. Merci de votre lecture.
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